L'historique

La Société Littéraire fut fondée le 5 avril 1779, sous les auspices du Comte de VELBRUCK, Prince Evêque de Liège. Elle s'appela d'abord la « Grande Société ».

Les 141 associés fondateurs dont bon nombre de descendants font encore partie de nos jours de la Société, se réunirent tout d’abord au restaurant des « Deux Fontaines » à l’entrée de la rue Haute Sauvenière, paroisse Saint-Michel, appartenant à Madame de Limbourg.

Cercle de délassement, de distraction, de lecture et de conversation, la Société Littéraire, où se réunissaient nobles, chanoines, clercs, avocats, patriciens et hommes d’affaires, s’est toujours distinguée par son esprit de sociabilité. Le soin que ses membres ont, dans leurs rapports mutuels, de bannir de leurs propos tout ce qui aurait pu nuire à leurs relations, toujours empreintes de cette urbanité de “bon ton” qui a toujours fait l’agrément des bonnes relations qui continuent à les unir.

La Société Littéraire ne restera pas longtemps au bas de la Haute Sauvenière. En 1785, un an après la mort de son protecteur, elle achète place aux Chevaux, l’actuelle place de la République Française, par l’intermédiaire des deux architectes Jean-Barthélemy et François-Barthélemy RENOZ, père et fils, une partie des bâtiments vétustes de l’ancien séminaire de Saint Mathieu à la Chaîne et y fit construire un immeuble. Fin 1787, la Société s’installe dans son bel Hôtel; elle ne l’a plus quitté depuis.

Précisons ici que le mot “Littéraire” n’avait pas jadis la même signification qu’actuellement. Il y a deux siècles, il voulait dire “Lecture”. Et en effet, un des buts recherché par les membres de la Société était de pouvoir y consulter les principaux journaux et publications de l’époque qui coûtaient cher et en discuter entre eux, mais toujours dans l’esprit qui les réunissait et qui n’excluait nullement la pratique de certains jeux, ceux du hasard étant exclus, du trictrac, et du billard, tout en se rafraîchissant et en se désaltérant.

Sous la Révolution, l’immeuble de la Société fut mis sous séquestre, sous prétexte que certains de ses membres avaient dû émigrer. Avec la complicité des autorités révolutionnaires provisoires, le concierge réussit même à l’exploiter à son profit, en le transformant en un café populaire, Café de la Paix, fréquenté par les “patriotes” les plus radicaux. Ce fameux intermède ne dura guère, et, sur requête des membres qui étaient resté à Liège, leur immeuble fut restitué en 1796.

Par la suite, et peu à peu, la Société vit rentrer ses membres émigrés et reprit ses activités de tolérance, d’amitié et, aussi, d’allégeance aux divers régimes qui allaient se succéder durant les décennies qui suivirent, ce qu’elle considérait comme une garantie de son indépendance, à ne jamais s’occuper de politique, engagement qui fut confirmé dans le règlement édifié en 1824.

La révolution de 1830 ne modifie guère la vie de la Société qui resta fidèle à son image de “rassemblement par delà les partis”. En 1888, les membres décidèrent de se constituer en société civile et de lui apporter chacun leur part de copropriété indivise dans leur immeuble. C’est toujours sous cette forme, rare en Belgique, que continue à vivre et à être dirigée la Société.

Mais, entre-temps, la vie paisible menée dans les salons partagée comme toujours entre la lecture, le jeu et la conversation, fut gravement perturbée, fin juillet 1859, par un violent incendie. Ce fut un désastre; seule la façade et les dépendances furent épargnées. Les travaux de remise en état furent confiés à l’architecte DEMANY et dès 1860, les Sociétaires pouvaient réintégrer leur Hôtel. En 1862, le peintre décorateur Paul- Joseph CARPAY avait terminé, en remplacement de celle de van MARCKE, la décoration et la peinture des salons, dans le style caractéristique du second empire, dont il ne reste guère d’autres exemples à Liège.

De 1888 à 1914, la Société Littéraire participe aux fastes et aux fêtes de la “Belle Epoque” qui fut aussi celle de la brillante prospérité liégeoise. Tout ce que Liège comptait de marquant, nobles, hommes d’affaires, industriels, banquiers, etc. , fréquentaient en nombre accru ses salons et y nouaient d’agréables relations.

En 1914, l’Hôtel de la Société Littéraire fut réquisitionné par les Allemands. Le 1er janvier 1916, elle loue le 1er étage du Grand Hôtel Moderne, rue Pont d’Avroy. Elle vécut alors en veilleuse, et après l’Armistice du 11 novembre 1918, elle reprit rapidement ses activités.

En 1929, la Société célébra avec éclat son cent cinquantième anniversaire.

La deuxième guerre mondiale éclata, elle mis à néant tout le plan de rénovation de la Société, destiné, notamment, à augmenter sa fréquentation courante et son attrait par l’organisation de fêtes, réceptions, etc.

Pendant toute la guerre, l’Hôtel de la Société allait être occupé par les Allemands, et les sociétaires, qui étaient alors 142, (69 actionnaires et 73 permanents), durent, à nouveau, s’installer provisoirement à proximité, au 1er étage de l’immeuble voisin, le café Le Charlemagne, et attendre, au ralenti, des jours meilleurs. Mais après la libération, l’immeuble de la Société continua à être occupé par les Américains jusqu’en septembre 1950.

Il fallait le remettre en état et les fonds manquaient. Si les autorités américaines ne firent guère de difficultés pour indemniser la Société, il n’en fût pas de même de l’Etat belge qui se refusa à payer les dommages et les indemnités dues à la suite de l’occupation allemande.

Au début de 1954, la restauration était complètement achevée.

En parallèle, dès 1947 des démarches furent entreprises en vue d’une fusion avec le Cercle Albert Elisabeth, ce dernier étant né d’une scission au sein de la Société Littéraire en 1912. Les négociations aboutirent favorablement en 1951.

La tradition des dîners mensuels fut reprise, un Comité des Dames fut mis en place, des réceptions furent organisées et la vie de la Société repris vigueur. Cependant, la fréquentation régulière par les membres diminuait, alors que de graves problèmes financiers et de trésorerie commençaient à se manifester, le nombre de membres, 210, restant stationnaire ou presque.

Si bien que la question de savoir, s’il convenait de conserver l’immeuble et d’envisager une installation ailleurs, plus moderne, moins onéreuse et d’un accès plus facile fut à nouveau posée. Un acquéreur faisait une offre intéressante.

Après discussions, parfois animées, l’Assemblée Générale des membres actionnaires décida de conserver l’Hôtel, tout en préconisant un sérieux effort de recrutement et la création d’un Cercle de Jeunes, qui rajeunirait la Société et qui serait en quelque sorte une “pépinière” de futurs membres permanents et actionnaires.

En 1979, la Société Littéraire fêta son 200e anniversaire. Un an après, pour fêter dignement ce bicentenaire, elle donna un dîner qui rassembla plus de deux cents personnes et qui fut rehaussé par la présence de Leurs Majestés le Roi Albert II et la Reine Paola, à l'époque Prince et Princesse de Liège.

En 1981, eut lieu dans le prolongement du 200e anniversaire, un bal honoré par la présence de Leurs Altesses Royales la Princesse Astrid et les Princes Philippe et Laurent de BELGIQUE.

La Société Littéraire connaît depuis une quarantaine d’années un niveau soutenu d'activités sous la conduite de ses présidents successifs, le baron de MACAR (Jean), le comte CLERDENT (Pierre), Monsieur de COUNE (Edouard), le baron DELRUELLE (Jacques), le baron Edouard van ZUYLEN, le Chevalier MAERTENS de NOORDHOUT (Thierry) et Monsieur Olivier HAMAL.

Le Cercle compte aujourd’hui près de 550 membres actionnaires et permanents.

A l'occasion de leur Assemblée Générale Extraordinaire du 8 mars 2004, les membres actionnaires ont supprimé dans le Règlement d'Ordre Intérieur la référence à la notion de "Cercle de Messieurs". Les Dames peuvent donc aujourd'hui en devenir membres permanents et membres actionnaires. Depuis de nombreuses années déjà, en qualité d’invitées, elles pouvaient participer à toutes les activités du Cercle.

La Société Littéraire a en outre fait restaurer son Hôtel de la place de la République Française, sa façade en est un exemple éloquent. Depuis 1974, son Hôtel de Maître a fait l'objet de plusieurs arrêtés de classement dont le dernier remonte au mois de janvier 2003; ses grands salons de façade dits "CARPAY" étant reconnus comme faisant partie du patrimoine exceptionnel de la Région Wallonne.

Chevalier le PAIGE (1901-1981)
Jean-Marie de COUNE
Olivier HAMAL
Philippe le MAIRE de ROMSÉE